C’era una volta… la nationale 7. (mes pérégrinations sur la nationale 7)
Héritière de la route royale numéro 7, créée sur le tracé d’anciennes routes romaines, la Nationale 7 relie Paris à Menton en 996 kilomètres. Près de 1 000 bornes, donc, de découverte de saveurs, de senteurs et de paysages qui racontent une époque : la France des Trente glorieuses.
“La Nationale 7, c’était à la fois l’enfer et le paradis”.
Le bouchon de Tourves, la petite reine (4CH), et Fernandel et Ulysse au croisement d’Orgon
Ce n’était pas forcément une très bonne idée : dépenser beaucoup de temps et d’argent pour s’apercevoir que la nationale 7 n’est plus la route des vacances était-il vraiment indispensable ?
D’abord, il faut la rejoindre, la nationale 7. Aussi bizarre que cela puisse paraître, on peut ne pas le faire avant Fontainebleau, si l’on emprunte l’autoroute A 6. C’est dommage, parce qu’avec la nationale 7 au départ de la porte d’Italie, on quitte progressivement Paris, la banlieue avec ses grands murs aveugles où restent des traces de vieilles publicités désuètes, l’aéroport d’Orly, avant de rejoindre les premiers champs cultivés de l’Île-de-France, et moi j’aime bien cette transition graduelle, ces paysages, illustration vivante des manuels de géographie du lycée. On passe même à côté d’un château, qui avec beaucoup d’imagination, pourrait faire penser au château de Guermantes, renvoyant à cette nostalgie du passé qui s’est enfui et qu’il s’agit de retrouver. On se demande si la direction de Melun (1) est la bonne pour rejoindre Fontainebleau, parce que la carte qu’on a emmenée n’est pas très claire.
Je me souviens d’être allé à Fontainebleau quand j’étais jeune, c’était l’époque où je m’aventurais hors de la maison tout seul. À Fontainebleau, il y a le château avec son célèbre escalier en fer-à-cheval, du haut duquel Napoléon fit ses adieux à la garde, le 20 avril 1814. Plus surprenant, Patricia Highsmith, la grande maîtresse du polar, a également situé l’intrigue d’un de ses romans, Ripley entre deux eaux (1991), à Fontainebleau, alors qu’elle-même habitait Montcourt-Frémonville, près de Nemours. J’avais été très surpris par le décalage, qui me donnait une impression d’irréalisme, entre l’intrigue et l’environnement dans lequel elle le situait, une histoire oppressante de meurtre dans le cadre d’un quartier paisible et résidentiel, entre gens apparemment très comme il faut et propres sur eux. De Patricia Highsmith, j’avais appris que la vraisemblance n’est pas la qualité première d’un roman policier, à condition de maîtriser l’art de recréer un monde plus vrai que nature, à force de documentation, de travail et de talent. Je dois reconnaître que je n’ai pas tout compris, ni très bien retenu la leçon.
Fontainebleau, il faut savoir s’en extraire : Fontainebleau mène à tout à condition d’en sortir. À Fontainebleau, il y a le carrefour de la pyramide avec l’obélisque de Marie-Antoinette qui trône en son centre, une madeleine de Proust des départs en vacances et en famille, qui est aussi une croisée des chemins : nationale 6 ou nationale 7 ? Si l’on choisit la nationale 7, on rejoint Nemours beaucoup trop rapidement pour s’en émouvoir. Ensuite, c’est toute une série de petits villages très énervants jusqu’à Montargis (2), grand nœud routier entre la nationale 7 et la N 60.
Un peu plus loin, on longe la Loire sans le savoir, même s’il y a des noms suggestifs : Bonny-sur-Loire, Cosne-Cours-sur-Loire, Pouilly-sur-Loire, La Charité-sur-Loire, mais la Loire, on ne la voit pas beaucoup (3).
Nevers. Nevers est contre tout. Il y a un circuit de Formule 1 à Nevers, voulu par Mitterrand dans ses basses œuvres de politique politicienne. Mais Nevers est contre une signalisation routière précise, de sorte qu’on quitte la nationale 7 pour prendre la N 81 sans s’en rendre compte.
À Décize, patrie de Saint-Just, selon qui on ne peut point régner innocemment, il faut prendre une décision et une départementale qui, si on se débrouille bien, permettent de rallier la nationale 7 à Lapalisse, tout en évitant élégamment Vichy, qui n’est pas seulement célèbre pour ses cures thermales, mais aussi pour un passé qui ne passe pas toujours très bien, un truc de vieux dans les deux cas. « Lapalisse. Cité des vérités. Un arrêt s’impose. » Je préfère passer mon chemin.
De là, on escalade dans la brume les monts du Lyonnais en direction de Roanne, et ça j’adore. À Roanne (4), la nationale 7 se dirige vers Lyon, au détriment de Saint-Étienne. Dommage ? Pour moi, c’est Charybde et Scylla : Saint-Étienne, c’est la capitale du Forez, cité ouvrière, où j’avais passé mon Grand Oral du C.N.E.S.S., ce qui n’est pas exactement un excellent souvenir. Quant à la traversée de Lyon, elle est toujours aussi déplorable : Lyon se prend pour une grande ville avec un réseau routier de sous-préfecture (5). À Lyon, il y a un axe important qu’on a baptisé du nom du plus célèbre inconnu de France : C’est le quai J’ai-oublié-son-nom (6).
Ensuite, si l’on n’a pas oublié d’utiliser le frein moteur dans la descente, vient Vienne. Après Vienne, la première agglomération difficile à traverser, c’est Tain-L’Hermitage. On se console avec le souvenir des coteaux de vignes en terrasse admirés du côté de Condrieu, qui surplombent le fleuve sous le soleil.
Et Saint-Vallier, alors ! Saint-Vallier est beaucoup plus sympathique, avec son nom d’eau minérale dans une région de vignobles et son pont sur le Rhône.
Après Valence, où commence la Provence d’après un dicton populaire, la nationale 7 ne traverse plus Montélimar, mais avec la déviation, c’est presque du nougat.
Du côté de Donzères et de Mondragon, là où poussent des éoliennes, la fatigue commence à se faire ressentir, surtout si l’on a fait la route de nuit, et qu’on est pressé d’arriver. On néglige donc les châteaux de Grignan et de la Garde-Adhémar, en se disant que ce sera pour une autre fois. Mornas. Piolenc, la patrie de Jean-Louis Trintignant, acteur aux multiples talents.
Puis c’est Orange. Dans laquelle on est obligé de pénétrer, pour s’y retrouver nez-à-nez avec un gigantesque Arc de Triomphe romain, érigé au Ier siècle après Jésus-Christ, en souvenir des victoires du général Germanicus sur les Cimbres et les Teutons. Puis c’est une série de feux tricolores, dix-sept dans mon souvenir, qui curieusement sont souvent rouges.
Avignon, terre promise, ne laisse cependant pas si facilement voir ses trésors, le Palais des Papes et le pont Saint-Bénézet. En revanche, il est difficile d’échapper aux bouchons de la rocade sud et de la route de Marseille, ce qui laisse tout le temps d’admirer les lauriers-roses du terre-plein central. Après le passage de la Durance, et de Noves, la patrie de la Laure de Pétrarque, ça va presque tout seul jusqu’à Aix. À Orgon, on ne croise plus Fernandel et son cheval en chemin vers la Camargue, alors on peut chanter :
Heureux qui comme Ulysse
A fait un beau voyage
Heureux qui comme Ulysse
A vu cent paysages
Et puis a retrouvé
Après maintes traversées
Le pays des vertes années
Par un petit matin d'été
Quand le soleil vous chante au cœur
Qu'elle est belle la liberté, la liberté
Quand on est mieux ici qu'ailleurs
Quand un ami fait le bonheur
Qu'elle est belle la liberté, la liberté
Avec le soleil et le vent
Avec la pluie et le beau temps
On vivait bien content
Mon cheval, ma Provence et moi
Mon cheval, ma Provence et moi
Heureux qui comme Ulysse
A fait un beau voyage
Heureux qui comme Ulysse
A vu cent paysages
Et puis a retrouvé
Après maintes traversées
Le pays des vertes années
Par un joli matin d'été
Quand le soleil vous chante au cœur
Qu'elle est belle la liberté, la liberté
Quand c'en est fini des malheurs
Quand un ami sèche vos pleurs
Qu'elle est belle la liberté, la liberté
Battu de soleil et de vent
Perdu au milieu des étangs
On vivra bien content
Mon cheval, ma Camargue et moi
Mon cheval, ma Camargue et moi
(Un grand merci à Henri Colpi, Georges Delerue et Georges Brassens)
Faut-il aller jusqu’à Menton pour en finir ? Je n’ai pas envie de conclure. D’ailleurs, je suis déjà allé à Menton et je connais les spécialités de la « Perle de la France », selon l’expression d’Élisée Reclus : l’eau de Menton et le citron, dont le parfum légèrement acidulé, en même temps que l’amertume de l’agrume, est un des souvenirs les plus rafraîchissants que je connaisse.
Je préfère donc m’arrêter avant, pour rejoindre le petit village dans lequel m’attendent mes activités agricoles et quelques amis.
La nationale 7, c’est un peu la route des occasions perdues. Plus proche des pays qu’elle traverse que l’autoroute, elle donne l’illusion de mieux les connaître. Refaite, ressemblant à une voie rapide par endroits, elle donne aussi l’illusion d’aller plus vite. Mais comment faisait-on avant ? Avant l’autoroute par exemple. On prenait son mal en patience.
Les bouchons qu’on rencontre aujourd’hui sur la nationale 7 sont sans doute peu de choses, comparés à ceux de l’époque où la nationale 7 était la voie la plus empruntée, quand l’avion était marginal et les trains bondés. On commémore aujourd’hui encore le bouchon de Tourves, au cours d’une fête, comment dire ?, légèrement folklorique et kitsch.
Il flotte un parfum de liberté sur la nationale 7.
Sur l’autoroute, cette liberté, le voyageur n’est pas en mesure d’en jouir tout à son aise : il fonce et il se presse.
L’idéal serait de s’arrêter à toutes les aires de repos, de faire honneur à la moindre aire de stationnement. Ce serait un bon moyen de découvrir ou de reprendre un de ces gros pavés qu’on s’était promis de lire ou de relire et qu’on n’a jamais le courage d’ouvrir. Le Zibaldone de Leopardi, un Dostoïevski ou un Céline par exemple. Par ailleurs, il faut au moins ça pour apprendre à saisir les nuances, découvrir les différences entre le pays aixois et les environs d’Avignon, entre la Drôme et le nord du Vaucluse, entre les monts du Lyonnais du côté de Roanne et les monts d’Ardèche, du Pilat et du Ventoux, le Vercors et les dentelles de Montmirail, que l’on devine ou qu’on aperçoit si l’on fait preuve d’une attention vigilante, tout en conduisant prudemment bien sûr. Tout se ressemble, rien n’est pareil.
Et cette fausse plaine, de Nevers jusqu’à Paris, sur le chemin du retour : à Nevers, on croit qu’on est presque arrivé, et c’est le trajet le plus long qui commence. Nevers est contre tout, et contre l’impatience en particulier.
Tout le long de la route, des voyages imaginaires sollicitent l’esprit de l’automobiliste. Les autoroutes n’offrent pas cet inconvénient, elles sont fonctionnelles et aseptisées, pour ne pas distraire le vacancier de la précieuse destination de ses vacances, ni le cadre ou le livreur de leur objectif professionnel.
La nationale 7 n’est pas si bien verrouillée. À Nemours, c’est un musée de la Préhistoire qui invite à un voyage dans le temps. À Grignan, il y a un château qui est aussi un conservatoire de la littérature épistolaire du XVIIe siècle, en compagnie de la marquise de Sévigné :
« Sévigné, de qui les attraits
Servent aux grâces de modèle
Et qui naquîtes toute belle
A votre indifférence prés »
— J. de la Fontaine, Fable I, livre IV.
Dans le Var, le village de Besse évoque les exploits de Gaspard, le bandit des grands chemins, ami et héros des Provençaux, et qui mourut à Aix-en-Provence, en 1781, à l’âge de 24 ans, après avoir subi le supplice de la roue, non sans avoir pu déclarer : « Les deux fléaux de la Provence sont le mistral et le parlement. »
Et puis il y a les paysages qui invitent à prendre le chemin des écoliers. Un passage à niveau, qui évoque un épisode du Cercle rouge (1970), de Jean-Pierre Melville, avec Bourvil, Gian-Maria Volontè et Delon, réminiscence des après-midis adolescentes passées à découvrir les chefs-d’œuvre du cinéma d’auteur. Des plantations de légumes verts, dans la Drôme, rappellent que les paysans sont une des gloires de la France, se battant contre les multinationales et la bureaucratie pour essayer de nourrir sainement et honnêtement leurs compatriotes. Des champs de blé, d’un jaune si jaune et si doré sous un ciel tourmenté de nuages balayés par le vent qu’il y a de la volupté à les regarder, en même temps qu’ils donnent une petite idée de la folie vertigineuse qui n’a jamais cessé d’habiter Van Gogh dès lors que celui-ci s’est acharné à en rendre la couleur et la lumière dans ses toiles.
La Sainte-Victoire, lieu de promenades sur les traces de Jacqueline de Romilly et de Paul Cézanne (7). Les collines rhodaniennes, balayées par le mistral. La plaine nivernaise et yonnaise, terre de labours, célébrée par Rosa Bonheur dans un tableau de 1849, Labourage nivernais, dit aussi Le Sombrage.
La France des églises et des cathédrales, que les ronds-points n’altèrent pas, malgré la mauvaise humeur qu’ils suscitent.
C’est une image du tour de France, ça : un peloton de coureurs studieusement penchés sur leur guidon, entre des blés sur pied au premier plan et le clocher d’un village dans le fond du décor.
C’est la France physique et charnelle, celle qui n’aime pas beaucoup la capitale et la vie en quête de sens des grandes villes, sinon pour aller s’y amuser un peu. La France qui, entre la terre et le ciel, déploie ses innombrables communes, comme autant de divisions, et ses arbres, sa faune et sa végétation, comme le trésor dont la modernité jamais ne viendra à bout. La nationale 7 est une introduction à cette France. Elle offre une vitrine, toujours alléchante, sur les richesses d’une terre inépuisable.
Pour répondre à la question que je me suis posée en introduction, ce n’était ni forcément une très bonne idée, ni indispensable. Mais qu’y a-t-il donc d’indispensable ? Ce sont parfois les idées incongrues qui permettent de faire des découvertes et des pas de côté.
1 De Melun, j’ai un autre souvenir : c’est là où j’avais acheté ma première Golf, à un particulier. Elle n’a pas duré longtemps : j’ai eu un accident dont je n’étais pas responsable, sur le quai, à Ivry, juste avant de passer sous le périph’ et de rentrer dans Paris. La voiture n’a pas survécu : considérée comme épave, j’en aurais été propriétaire pendant un jour. Une de mes premières expériences douloureuses d’intellectuel dans l’enfer urbain de Paris.
2 Montargis a laissé à la gastronomie française le Pithiviers, un dessert que l’on déguste le jour de l’Épiphanie, sous le nom de galette des rois.
3 La Loire, on ne la voit jamais aussi bien que chez les écrivains, des plus célèbres, Jean de La Fontaine, Relation d’un voyage de Paris en Limousin, 1663, Henry James, Voyage en France, 1900, aux plus obscurs, Jules Lemaître, Petites Orientales : au jour le jour, 1883, Maurice Bedel, La Touraine, gens et pays de chez nous, 1935, Robert Vivier, Contes et légendes de Touraine, 1945.
4 À Roanne, il y a un restaurant gastronomique, celui des frères Troisgros.
5 C’est la même chose, en pire, à Marseille.
6 Quai Jean Moulin, qui devient quai du Docteur Gailleton, avant l’autoroute du Soleil.
7 Peter Handke, La Leçon de la Sainte-Victoire, 1985.
Jacqueline de Romilly, Sur les chemins de Sainte-Victoire, 1987.
13 novembre 2023.
C'era una volta... la nazionale 7.
(Ricordo le mie peregrinazioni sulla nazionale 7)
Non era necessariamente una grandissima idea : spendere molto tempo e denaro per rendersi conto che la Nazionale 7 non è più la strada essenziale delle vacanze era davvero indispensabile ?
Per prima cosa bisogna raggiungiere la nazionale 7. Per quanto strano possa sembrare, è possibile non farlo prima di Fontainebleau, se si prende l'autostrada A 6. Peccato, perché con la nazionale 7 lasciamo gradualmente Parigi, la periferia, l'aeroporto di Orly, prima di raggiungere i primi campi coltivati dell'Île-de-France, e mi piace questo passaggio graduale, questi paesaggi, illustrazione vivente dei libri di geografia delle scuole superiori. Passiamo anche davanti a un castello che, con molta fantasia, potrebbe ricordare il castello di Guermantes, riportando a questa nostalgia del passato che è fuggito e che bisogna ritrovare. Ci chiediamo se la direzione di Melun sia quella giusta per raggiungere Fontainebleau, perché la mappa che abbiamo portato con noi non è molto chiara.
Ricordo che quando ero giovane andavo a Fontainebleau, era il periodo in cui mi avventuravo fuori casa da solo. A Fontainebleau si trova il castello con la sua famosa scalinata a ferro di cavallo, dalla cima della quale Napoleone disse addio alla guardia il 20 aprile 1814. Più sorprendentemente, Patricia Highsmith, la regina del giallo, ha ambientato la trama di uno dei suoi romanzi, Ripley Between Two Waters (1991), a Fontainebleau, mentre lei stessa viveva a Montcourt-Frémonville, vicino a Nemours. Sono rimasto molto sorpreso dal divario, che mi ha dato un'impressione di irrealismo, tra la trama e l'ambiente in cui è ambientata, una storia opprimente di omicidio nella cornice di un quartiere tranquillo e residenziale, tra persone apparentemente molto perbene. Da Patricia Highsmith ho imparato che la verosimiglianza non è la qualità primaria di un romanzo poliziesco, a condizione che si padroneggia l'arte di ricreare un mondo più grande della vita, attraverso la documentazione, il lavoro e il talento. Devo ammettere che non ho capito tutto, né imparato molto bene la lezione.
Fontainebleau, bisogna sapere come uscirne : Fontainebleau porta a tutto purché se ne esca. A Fontainebleau, c'è il crocevia della piramide con al centro l'obelisco di Maria Antonietta, una madeleine delle partenze in vacanza e con la famiglia, che è anche un crocevia : nazionale 6 o nazionale 7 ? Se si sceglia la nazionale 7, si raggiunge Nemours troppo velocemente per essere commosso. Poi è tutta una serie di paesini molto fastidiosi fino a Montargis, un importante nodo stradale tra la statale 7 e la N 60.
Un po' più in là, seguiamo la Loira senza saperlo, anche se ci sono nomi suggestivi : Bonny-sur-Loire, Cosne-Cours-sur-Loire, Pouilly-sur-Loire, La Charité-sur-Loire, ma non lo sappiamo. Non si vede molto la Loira.
Nevers. Nevers è contro tutto. C'è un circuito di Formula 1 a Nevers, voluto da Mitterrand nelle sue basse opere di politica clientelistica. Ma Nevers è sopratutto contro una segnaletica precisa, quindi lasciamo la nazionale 7 per prendere la N 81 senza rendercene conto.
A Décize, patria di Saint-Just, secondo il quale non si puo regnare innocentemente, dobbiamo prendere una decisione e una strada dipartimentale che, se riusciamo bene, ci permetterà di unire la nazionale 7 a Lapalisse, evitando con eleganza Vichy, che è famosa non solo per le cure termali, ma anche per un passato che non passa sempre bene, cosa vecchia in entrambi i casi. « Lapalisse. Città delle verità. È necessaria una sosta. » Preferisco andare avanti.
Da lì, scaliamo le montagne del Lyonnais verso Roanne nella nebbia, e questo mi piace moltissimo. A Roanne, la nazionale 7 si dirige verso Lione, a scapito del Saint-Étienne. Peccato ? Per me sono Cariddi e Scilla : Saint-Étienne è la capitale del Forez, città operaia, dove ho sostenuto il Grand Oral del C.N.E.S.S., che non è proprio un ottimo ricordo. Per quanto riguarda l'attraversamento di Lione, è ancora deplorevole : Lione si considera una grande città con una rete stradale di sottoprefettura. A Lione c'è un asse importante che porta il nome dello sconosciuto più famoso di Francia : è il molo "Ho dimenticato il suo nome".
Poi, se non avete dimenticato di usare il freno motore in discesa, arriva Vienna. Dopo Vienna, la prima agglomerazione difficile da attraversare è Tain-L’Hermitage. Ci consoliamo con il ricordo delle colline terrazzate di vigneti ammirate sul versante Condrieu, che si affacciano al sole sul fiume.
E Saint-Vallier, dunque ! Saint-Vallier è molto più simpatica, con il suo nome di acqua minerale in una regione di vigneti e il suo ponte sul Rodano.
Dopo Valence, dove secondo un detto popolare inizia la Provenza, la nazionale 7 non attraversa più Montélimar, ma con la deviazione è quasi torrone.
Vicino a Donzères e Mondragon, dove crescono le pale eoliche, la stanchezza comincia a farsi sentire, soprattutto se avete viaggiato di notte e avete fretta di arrivare. Trascuriamo quindi i castelli di Grignan e Garde-Adhémar, dicendoci che sarà per un'altra volta. Mornas. Piolenc, patria di Jean-Louis Trintignant, attore dai molteplici talenti.
Poi è Orange. In cui siamo obbligati ad entrare, per ritrovarci faccia a faccia con un gigantesco Arco di Trionfo romano, eretto nel I secolo d.C., a ricordo delle vittorie del generale Germanico sui Cimbri e sui Teutoni. Poi c’è una serie di semafori, diciassette nella mia memoria, che curiosamente sono spesso rossi.
Avignone, terra promessa, non permette però di vedere così facilmente i suoi tesori, il Palazzo dei Papi e il ponte Saint-Bénézet. D'altro canto, è difficile sfuggire agli ingorghi della tangenziale Sud e della strada di Marsiglia, che lascia tutto il tempo per ammirare gli oleandri dello spartitraffico centrale. Dopo aver attraversato la Durance e Noves, patria della Lavra di Petrarca, va quasi da solo ad Aix. In Orgon non incontriamo più Fernandel e il suo cavallo sulla strada per la Camargue, quindi possiamo cantare :
Felice quello chi come Ulisse
Ha fatto tanti bei viaggi
Felice quello chi come Ulisse
Ha visto centinaio di paesaggi
E poi ha ritrovato
Dopo molti traversati
La terra degli anni verdi
In una piccola mattina d'estate
Quando il sole canta al cuore
Come è bella la libertà, la libertà
Quando ci sta meglio qui che altrove
Quando un amico porta felicità
Come è bella la libertà, la libertà
Con il sole e con il vento
Con la pioggia e il bel tempo
Vivevamo felici
Il mio cavallo, la mia Provenza ed io
Il mio cavallo, la mia Provenza ed io
Felice quello chi come Ulisse
Ha fatto tanti bei viaggi
Felice quello chi come Ulisse
Ha visto centinaio di paesaggi
E poi ha ritrovato
Dopo molti traversati
La terra degli anni verdi
In una bella mattina d'estate
Quando il sole canta al cuore
Come è bella la libertà, la libertà
Quando le disgrazie sono finite
Quando un amico ti asciuga le lacrime
Come è bella la libertà, la libertà
Battuto dal sole e dal vento
Perduto in mezzo agli stagni
Vivremo felici e contenti
Il mio cavallo, la mia Camargue ed io
Il mio cavallo, la mia Camargue ed io
(Un grande ringraziamento a Henri Colpi, Georges Delerue e Georges Brassens)
È davvero necessario andare fino a Mentone per finire con la nazionale 7 ? Non voglio concludere. Del resto sono già stato a Mentone e conosco le specialità della “Perla di Francia”, secondo l'espressione di Élisée Reclus : acqua di Mentone e limone, il cui profumo leggermente acidulo, allo stesso tempo che l'amarezza degl'agrumo, è uno dei ricordi più rinfrescanti che conosco.
Allora preferisco fermarmi prima, per raggiungere il piccolo villagio dove mi aspettano le mie attività agricole e qualche amici.
La Nazionale 7 è un po’ la strada delle occasioni perdute.
Più vicino ai paesi che attraversa rispetto all’autostrada, dà l’illusione di conoscerli meglio. Rifatta, somigliante in alcuni punti a un'autostrada, dà anche l'illusione di andare più velocemente. Ma come lo facevamo prima ? Prima dell'autostrada, intendo. Affrontavamo i problemi con pazienza.
Gli ingorghi che incontriamo oggi sulla Nazionale 7 probabilmente non sono nulla, se paragonati a quelli dell'epoca in cui la Nazionale 7 era la strada più utilizzata, quando l'aereo era marginale e i treni affollati. Commemoriamo ancora oggi l'ingorgo di Tourves, durante una celebrazione, come dire ? un po' folcloristica e kitsch.
C'è profumo di libertà sulla nazionale 7.
Sull'autostrada, il viaggiatore non riesce a godersi questa libertà a suo agio : corre e ha fretta. L'ideale sarebbe fermarsi in tutte le aree di sosta, e onorare ogni zona parcheggio che offre un punto di vista culturale sulla regione attraversata. Sarebbe un buon modo per scoprire o riprendere uno di quei grandi libri che ci eravamo promessi di leggere o rileggere e che non abbiamo mai il coraggio di aprire. Lo Zibaldone di Leopardi, un Dostoevskij o un Céline per esempio. Inoltre, è almeno necessario questo per imparare a cogliere le sfumature, per scoprire le differenze tra la regione di Aix e i dintorni di Avignone, tra la Drôme e il nord del Vaucluse, tra i monti del Lyonnais verso Roanne e i monti dell'Ardèche, il Pilat e il Ventoux, il Vercors e i "merletti" di Montmirail, che possiamo indovinare o vedere se prestiamo vigile attenzione, guidando ovviamente con prudenza. Tutto si somiglia, niente è uguale.
E questa falsa pianura, da Nevers a Parigi, sulla via del ritorno : a Nevers pensiamo di essere quasi arrivati, e inizia il viaggio più lungo. Nevers è contro tutto, e contro l'impazienza in particolare.
Lungo tutta la strada, viaggi immaginari sollecitano la mente dell’automobilista. Le autostrade non offrono questo inconveniente, sono funzionali e igienizzate, per non distrarre il vacanziere dalla meta preziosa della propria vacanza, né il dirigente o il fattorino dal proprio obiettivo professionale.
La Nazionale 7 non è così ben bloccata. A Nemours c'è un museo della preistoria che invita a fare un viaggio nel tempo. A Grignan c'è un castello che è anche conservatorio di letteratura epistolare del XVII secolo, in compagnia della marchesa di Sévigné :
"Sévigné, la cui attrattiva
Serve alle Grazie di modello
E che siete nata tutta bella
Alla vostra indifferenza presso»
— J. de la Fontaine, Favola I, libro IV.
Nel Var, il villaggio di Besse rievoca le gesta di Gaspard, il bandito, amico ed eroe dei provenzali, morto ad Aix-en-Provence nel 1781, all'età di 24 anni, dopo aver subito il supplizio della ruota, non senza aver potuto dichiarare : “I due flagelli della Provenza sono il maestrale e il parlamento. »
E poi ci sono i paesaggi che invitano a intraprendere il cammino degli scolari. Un passaggio a livello, che evoca un episodio di Le Cercle rouge (1970), il film di Jean-Pierre Melville, con Bourvil, Gian-Maria Volontè e Delon, reminiscenza dei pomeriggi adolescenziali trascorsi alla scoperta dei capolavori del cinema d'autore. Le piantagioni di ortaggi verdi nella Drôme ci ricordano che gli agricoltori sono una delle glorie della Francia, che lottano contro le multinazionali e la burocrazia per cercare di nutrire i propri connazionali in modo sano e onesto. Campi di grano, così gialli e così dorati sotto un cielo tormentato da nuvole spazzate dal vento che si prova il piacere di guardarli, allo stesso tempo che danno una piccola idea della vertiginosa follia che non ha mai smesso di abitare Van Gogh dal momento che si messe in testa di lavorare duramente per renderne il colore e la luce nei suoi dipinti.
La Sainte-Victoire, luogo di passeggiate sulle orme di Jacqueline de Romilly e Paul Cézanne. Le colline del Rodano, spazzate dal maestrale. La pianura della Nivernaise e della Yonnaise, terra di aratura, celebrata da Rosa Bonheur in un dipinto del 1849, Labourage Nivernais, detto anche Le Sombrage.
La Francia delle chiese e delle cattedrali, che le rotatorie non alterano, nonostante il malumore che suscitano.
È un'immagine del Tour de France, quella : un gruppo di corridori appoggiati studiosamente al manubrio, tra il grano in piedi in primo piano e il campanile di un villaggio sullo sfondo.
È la Francia fisica e carnale, quella a cui non piace molto la capitale e la vita in cerca di senso delle grandi città, se non per andarci a divertirci un po'. La Francia che, tra la terra e il cielo, dispiega i suoi innumerevoli comuni, come tante divisioni, e i suoi alberi, la sua fauna e la sua vegetazione, come il tesoro che la modernità non potrà mai saccheggiare completamente. La nazionale 7 è un'introduzione a questa Francia. Offre una finestra, sempre allettante, sulle ricchezze di una terra inesauribile.
Per rispondere alla domanda che mi sono posto nell'introduzione, non era necessariamente un'ottima idea né indispensabile. Ma che cosa è indispensabile ? A volte sono le idee incongrue che ci permettono di fare scoperte e passi laterali.