Tout n'est pas rationnel.
Tout n'est pas rationnel.
Ce soir-là, tandis qu'une aurore boréale rose était visible dans la nuit étoilée - à condition de se trouver suffisamment loin de toute pollution lumineuse - suite à une éruption solaire, Margitès avait revu Il Cappotto, un film d'Alberto Lattuada de 1952, d'après une nouvelle de Nikolaï Gogol tirée de son recueil Les Récits de Saint-Pétersbourg, Le Manteau, avec Renato Rascel dans le rôle du petit employé de mairie Carmine De Carmine (Akaki Akakiévitch dans la nouvelle de Gogol).
Celui-ci dont l'amour-propre est quotidiennement bafoué par ses collègues de bureau, et humilié par ses supérieurs, le secrétaire général et le maire, place toute sa dignité dans l'achat d'un manteau neuf avec les économies qu'il a pu mettre de côté depuis quinze ans.
Après avoir brièvement fait l'admiration de ses collègues lors de la soirée de réveillon du jour de l'An organisée au domicile du secrétaire général, et s'être ridiculisé en dansant avec la maîtresse du maire, ce qui a suscité des rires moqueurs de la part des invités, il se fait voler son manteau par un vagabond en rentrant chez lui à pied.
Il n'a dès lors de cesse de récupérer son manteau, mais personne ne l'aide et tout le monde se moque de lui : le veilleur de nuit, le maire... Il devient fou, ce qui inquiète ses logeuses qui appellent le médecin. Il meurt sans avoir retrouvé la raison.
Son enterrement a lieu le jour d'une fête organisée par le maire en l'honneur des travaux de fouilles archéologiques destinés à accroître le prestige de la ville. Le tailleur qui lui avait confectionné le manteau est le seul à accompagner le cercueil, assis à côté du cocher du corbillard, jusqu'au cimetière.
Un vent de panique souffle sur la ville : la voix du défunt persécute les habitants en réclamant son manteau, tandis que les boutons de leurs pardessus disparaissent mystérieusement, ce qui provoque des rixes. Même le maire, alors qu'il rend visite à sa maîtresse, a perdu sa sérénité, et il écourte son rendez-vous avec la belle.
Sur le pont couvert de la ville, il rencontre le fantôme du défunt qu'il traitait si durement, avec mépris et arrogance, de son vivant. Inquiet, il se demande ce que celui-ci lui veut, mais le fantôme le traite avec douceur et sans malice. Alors, le maire comprend, il comprend qu'il a mal agi, qu'il s'est mal comporté, mais qu'il est encore temps de se racheter, de corriger son égoïsme, sa folie des grandeurs, sa bêtise, son autoritarisme martial et imbécile par un peu plus de sollicitude envers ses administrés. Il arrache sa décoration et la jette, réalisant que ce n'était pas ce qui était important. Et il promet de continuer à chercher le manteau de celui qui fut son employé de bureau, mais surtout de prêter une oreille plus attentive aux requêtes des pauvres de la ville.
Il s'en va, non sans se retourner une dernière fois pour le saluer.
Commentaire :
Le film d'Alberto Lattuada fait prévaloir la bonté, la générosité, la bienveillance et le pardon sur la sécheresse de cœur et le froid calcul. Il est à noter que cette fin "optimiste" n'est pas absente de la nouvelle de Gogol, dans laquelle le "personnage important" finit également par s'amender. Je cite l'un des derniers paragraphes de la nouvelle :
« Cet évènement lui produisit une très forte impression. Depuis lors, les phrases : "Comment osez-vous ? Comprenez-vous devant qui vous êtes ?" se firent beaucoup plus rares dans sa bouche. Et lorsqu'il les prononçait, ce n'était pas avant d'avoir compris de quoi il s'agissait. »
Par ailleurs, ce qui fait la qualité d'un film comme celui d'Alberto Lattuada, ou d'une œuvre littéraire comme la nouvelle d'un écrivain de la trempe de Gogol, ce sont les détails. Je n'en ai retenu que quelques-uns. L'esthétique en noir et blanc permet de souligner l'ambiance de mystère qui nimbe la ville recouverte de neige et le fantastique de l'histoire.
La ville, c'est Pavie, reconnaissable à son pont couvert au-dessus du Tessin, les lieux historiques de la ville, comme la chartreuse, le château des Visconti et le château de Mirabello, n’étant pas visibles dans le film. C'est également dans la ville de Pavie qu'avait été tourné, en 1981, Fantômes d'amour de Dino Risi, avec Marcello Mastroianni et Romy Schneider.
La ville de Pavie a probablement été choisie par le réalisateur et son équipe technique parce qu'avec ses brumes hivernales de ville du nord, elle permet de rendre l'atmosphère de mystère qu'avait voulu créer Nicolaï Gogol dans sa nouvelle en lui donnant pour cadre Saint-Pétersbourg.
J'imagine mal qu'une ville du Mezzogiorno puisse donner les mêmes effets : pour moi, les villes du Mezzogiorno sont plutôt écrasées de métaphysique, comme dans les tableaux de De Chirico.
Cependant, Dominique Fernandez, dans son livre La perle et le croissant : l'Europe baroque de Naples à Saint-Pétersbourg (1995), avait dressé un parallèle entre les deux villes.
Je cite :
"Il s'agit du récit de douze ans de promenades avec un fil conducteur, la civilisation baroque, qui unit une demi-douzaine de pays, de l'Italie à la Russie, en passant par l'Allemagne et les architectes des châteaux de Bavière, l'Autriche avec Mozart, la République tchèque, Prague et la Bohême malmenée par l'Histoire, la Pologne, et de recherches érudites au pays du désir, de la lumière et de la beauté, dans le territoire de la perle et de l'ange, de l'opéra et du gâteau, du putto moqueur et du squelette ricanant : exubérance vitale et sentiment de la précarité, goût de la fête et terreur de la mort, dont les interprètes furent les génies de la musique, comme Mozart, de l'architecture, tels Bernini et Rastrelli, ainsi que de la peinture, comme Caravage et le méconnu Francesco Cairo."
Personnellement, j'aime bien les rapprochements entre l'Italie et la Russie, par exemple le fait qu'un réalisateur italien tel que Alberto Lattuada se soit inspiré d'un écrivain russe comme Nicolaï Gogol pour faire son film.
Je me souviens également que Saint-Pétersbourg a été construite grâce notamment à des architectes italiens et que les quatre premiers tsars et tsarines, à partir de Pierre le Grand, eurent le leur.
Pour Pierre le Grand, au début du XVIIIe siècle, ce fut Domenico Trezzini, né à Lugano. C'est à lui qu'on doit la forteresse Pierre-et-Paul, avec l'église et la flèche, les Douze Collèges dans l'île Basile, ainsi que la laure Alexandre-Nevski, au bout de la perspective Nevski et proche de la Neva, qui resta cependant inachevée : Trezzini fit ériger l'église de l'Annonciation en 1724, mais c'est un architecte russe, Ivan Starov, qui fit construire la cathédrale de la Sainte Trinité dans les années 1778-1780.
La fille de Pierre le Grand, Elisabeth Petrovna, qui régna de 1741 à 1762, eut pour architecte de prédilection Bartolomeo Rastrelli (1700-1771). C'est lui qui fit construire le Palais d'hiver, le palais de Tsarskoïe Selo, ainsi que le couvent Smolny.
Pour Catherine II, d'origine allemande et qui régna de 1762 à 1796 - c'est avec elle que Voltaire échangea une correspondance nourrie-, ce fut Giacomo Quarenghi, né à Bergame et qui avait étudié les villas de Palladio avant de venir s'installer à Saint-Pétersbourg en 1780. C'est lui qui fit construire le Théâtre de l'Ermitage sur le modèle du Teatro Olimpico de Vicence, l'Académie des Sciences dans l'île Basile, l'institut Smolny et le palais anglais de Peterhof.
Enfin, Alexandre Ier, qui régna de 1801 à 1825, put compter sur l'architecte Carlo Rossi pour donner à Saint-Pétersbourg des édifices de style Empire mâtinés de néo-classicisme : l'hémicycle de la place du Palais, le théâtre Alexandra, du nom de la femme de Nicolas Ier, ainsi que la rue du Théâtre.
Pour en revenir au film de Lattuada, un autre détail fascinant, c'est la manière dont le personnage principal est caractérisé : modeste employé de bureau, il se réchauffe les mains sous les naseaux d'un cheval, il s'applique à soigner son écriture gothique avec son porte-plume pour écrire le mot "Lavori", il porte des manchettes de lustrine en satin de coton noir pour protéger sa chemise des frottements sur le bureau. Timide et effacé, il a beaucoup de mal à s'imposer : il ne parvient pas à se frayer un passage face à trois canailles qui discutent devant la porte, ce qui lui vaut des remontrances de la part de son supérieur pour son retard.
Lors de la soirée de Nouvel An, il se sent déplacé, conscient de son ridicule, il a beaucoup de mal à être naturel et se trouve obligé de ruser pour allumer sa cigarette; il boit, il s'enivre, pour oublier son malaise et le fait qu'il y a beaucoup de choses qui ne vont pas, ce dont il est conscient mais qu'il a beaucoup de mal à formuler; pour oublier, par exemple, qu'il est malgré lui un porte-parole des pauvres qui se sont adressés à lui pour faire part de leurs doléances aux autorités, ce qui l'oblige à tenter d'attirer l'attention du maire pour lui lire la requête qu'ils lui ont transmise, alors qu'il a lui-même bien du mal à faire valoir ses droits et à se faire respecter, face au maire qui se moque éperdument des uns et des autres, n'ayant qu'une envie, celle de s'amuser; d'ailleurs, ses supérieurs s'arrangent toujours pour le rabaisser afin de se mettre en valeur et se glorifier d'une générosité toute relative : si le secrétaire général ne le licencie pas et lui accorde une prime de productivité, c'est parce qu'il lui a fourni un renseignement précieux, susceptible de faire chanter le maire.
Quand le petit employé Carmine De Carmine écrit le compte-rendu de la visite du maire sur le lieu des fouilles archéologiques et de la réunion du conseil qui s'ensuit, il mélange tout mais ce n'est pas seulement de sa faute : il doit faire face à des injonctions contradictoires, et retranscrire des propos qui ne sont pas tous cohérents, ni frappés du bon sens : flatteries, échanges vifs dans lesquels ne sont pas absents menaces et propos injurieux, délires de grandeur et calculs mesquins, comme l'augmentation des impôts pour financer des projets pharaoniques.
Obligé de lire son compte-rendu parcellaire et incohérent, il adopte un ton grandiloquent pour lire un texte loufoque : cependant, cette loufoquerie et cette grandiloquence sont un reflet des propos qu'il a entendus, et son compte-rendu, comme un miroir à peine déformant, renvoie une image peu flatteuse à leurs auteurs, ce qui les vexe et les met en fureur, tout en faisant rire ceux qui ont été les témoins muets de la scène.
En conclusion, je dirais que la beauté onirique d'une aurore boréale, je ne sais pas ce que c'est, parce que je ne connais pas la chose en soi de l'aurore boréale, pas plus que celle du soleil ou d'une étoile, mais elle me donne une impression visuelle qui est à la fois douce, agréable et réconfortante, et muette, indéchiffrable et inquiétante, comme si cette voûte étoilée, cet infiniment grand qui n'a pas de limites, nous renvoyait à notre petitesse d'êtres humains, en nous permettant de relativiser nos petits tracas quotidiens : il y aura toujours des mystères qui nous dépassent.
J'aime cette beauté, mais j'aime également la beauté tout aussi onirique et inquiétante du film de Lattuada, parce qu'outre le fait qu'il soit ancien, qu'il appartienne aux chefs-d'œuvre du cinéma italien du XXe siècle et qu'il laisse apparaître une relation d'influence entre un artiste italien et un artiste russe, sa beauté est inquiétante dans la mesure où l'humour noir et grinçant de l'étude de mœurs souligne le caractère versatile de la nature humaine, ainsi que son côté sombre.
Toutefois, tant qu'il y aura des artistes pour s'en moquer avec brio, il n'y a pas lieu de désespérer des hommes, contraints et forcés de changer, de s'amender, pour chercher à s’adapter à un environnement hostile et à survivre au milieu de la folie généralisée, tout en conservant au cœur le souci de la dignité humaine.
6 octobre 2024.
Non tutto è razionale.
Quella sera, mentre nella notte stellata era visibile un'aurora boreale rosa - purché si fosse sufficientemente lontano da qualsiasi inquinamento luminoso - in seguito a un brillamento solare, Margitès aveva guardato Il Cappotto, film di Alberto Lattuada del 1952, tratto da un racconto di Nikolaï Gogol tratto dalla sua raccolta Les Récits de Saint-Pétersbourg, Le Manteau, con Renato Rascel nel ruolo del piccolo impiegato comunale Carmine De Carmine (Akaki Akakiévitch nel racconto di Gogol).
Lui, la cui autostima viene quotidianamente disprezzata dai colleghi d'ufficio e umiliata dai suoi superiori, il segretario generale come il sindaco, mette tutta la sua dignità nell'acquisto di un cappotto nuovo con i risparmi che ha potuto mettere da parte per quindici anni.
Dopo aver suscitato brevemente l'ammirazione dei colleghi durante la festa di Capodanno organizzata a casa del segretario generale, ed essersi reso ridicolo ballando con l'amante del sindaco, provocando le risate beffarde degli invitati, si fa rubare il cappotto da un vagabondo mentre torna a casa.
D’ora in poi, non smette di cercare il suo cappotto, ma nessuno lo aiuta e tutti lo prendono in giro : il guardiano notturno, il sindaco... Diventa matto, cosa che preoccupa le sue padrone di casa che chiamano il medico. Muore senza aver ripreso i sensi.
La sua sepoltura avviene nel giorno di una festa organizzata dal sindaco in onore dei lavori di scavo archeologico destinati ad aumentare il prestigio della città. Il sarto che gli aveva confezionato il cappotto è l'unico ad accompagnare la bara, seduto accanto al conducente del carro funebre, al cimitero.
Un vento di panico soffia nella città : la voce del defunto perseguita gli abitanti reclamando il suo cappotto, mentre i bottoni dei soprabiti scompaiono misteriosamente, provocando risse. Anche il sindaco, in visita alla sua amante, perde la serenità e interrompe l'incontro con la bella.
Sul ponte coperto della città incontra il fantasma del defunto che aveva trattato così duramente, con disprezzo e arroganza, durante la sua vita. Preoccupato, si chiede cosa vuole da lui, ma il fantasma lo tratta con gentilezza e senza malizia. Allora, il sindaco capisce, capisce di aver sbagliato, di essersi comportato male, ma che c'è ancora tempo per riscattarsi, per correggere il suo egoismo, le sue manie di grandezza, la sua stupidità, il suo autoritarismo marziale e imbecille facendo prova di un po più di sollecitudine verso i suoi amministrati. Si strappa la decorazione e la butta via, rendendosi conto che non era quello ciò che contava. E promette di continuare a cercare il cappotto dell'uomo che fu suo impiegato, ma soprattutto di prestare un orecchio più attento alle richieste dei poveri della città.
Se ne va, non senza voltarsi un'ultima volta per salutarlo.
Commento :
Il film di Alberto Lattuada fa prevalere la gentilezza, la generosità, la benevolenza e il perdono sull'aridità del cuore e sul freddo calcolo. Va notato che questo finale "ottimista" non è assente nel racconto di Gogol, in cui anche il "personaggio importante" alla fine si ravvede. Cito uno degli ultimi paragrafi del racconto :
« Questo evento gli ha fatto un'impressione molto forte. Da allora, le frasi : “Come osi ? Capisci chi hai di fronte ?” erano molto più rare nella sua bocca. E quando le pronunciò, non fu prima di aver capito di cosa si trattava. »
Del resto, ciò che rende pregiato un film come quello di Alberto Lattuada, o un'opera letteraria come il racconto di uno scrittore del calibro di Gogol, sono i dettagli. Ne ricordavo solo alcuni. L'estetica del bianco e nero contribuisce a enfatizzare l'atmosfera di mistero che circonda la città ricoperta di neve e il fantastico della storia.
La città è Pavia, riconoscibile dal ponte coperto sul Ticino (i siti storici della città, come la Certosa, il castello Visconteo e il castello di Mirabello, non sono visibili nel film). Sempre a Pavia è stato girato nel 1981 Fantasma d'amore di Dino Risi, con Marcello Mastroianni e Romy Schneider.
La città di Pavia è stata probabilmente scelta dal regista e dalla sua squadra tecnica perché con le sue nebbie invernali di una città del nord, permette di rendere l'atmosfera di mistero che Nicolaï Gogol ha voluto creare nel suo racconto, donandolo come ambientazione San Pietroburgo.
Non riesco a immaginare che una città del Mezzogiorno possa avere gli stessi effetti : per me le città del Mezzogiorno sono un po' schiacciate dalla metafisica, come nei quadri di De Chirico.
Tuttavia, Dominique Fernandez, nel suo libro La perle et le croissant : l'Europe baroque de Naples à Saint-Pétersbourg (1995), ha tracciato un parallelo tra le due città.
Cito :
« È la storia di dodici anni di passeggiate con un filo conduttore, la civiltà barocca, che unisce una mezza dozzina di paesi, dall'Italia alla Russia, passando per la Germania e gli architetti dei castelli della Baviera, l'Austria con Mozart, la Repubblica Ceca, Praga e la Boemia martoriate dalla Storia, dalla Polonia e dalla ricerca erudita nella terra del desiderio, della luce e della bellezza, nel territorio della perla e dell'angelo, dell'opera lirica e della torta, del putto beffardo e dello scheletro ghignante : esuberanza vitale e sentimento di precarietà, gusto per la celebrazione e terrore della morte, i cui interpreti furono geni della musica, come Mozart, dell'architettura, come Bernini e Rastrelli, nonché della pittura, come Caravaggio e il poco conosciuto Francesco Cairo. »
Personalmente mi piacciono i legami tra Italia e Russia, ad esempio il fatto che un regista italiano come Alberto Lattuada si sia ispirato a uno scrittore russo come Nicolaï Gogol per realizzare il suo film.
Ricordo anche che San Pietroburgo fu costruita grazie ai famosi architetti italiani e che i quattro primi zar e zarine, a cominciare da Pietro il Grande, avevano i lori.
Per Pietro il Grande, all'inizio del Settecento, c'era Domenico Trezzini, nato a Lugano. Fu lui che eresse la forterezza di Pietro e Paolo, con la chiesa e la guglia, i Dodici Collegi sull'isola di Basilio, nonché la lavra Alexander-Nevsky, alla fine della prospettiva della Nevskij e vicino alla Neva, rimasta incompiuta : Trezzini fece costruire la Chiesa dell'Annunciazione nel 1724, ma è un architetto russo, Ivan Starov, qui fu in grado di costruire la Cattedrale della Santissima Trinità negli anni 1778-1780.
La figlia di Pietro il Grande, Elisabetta Petrovna, regnò dal 1741 al 1762 e il suo architetto preferito fu Bartolomeo Rastrelli (1700-1771). Ha costruito il Palazzo d'Inverno, il Palazzo Tsarskoye Selo e il convento Smolny.
Per Caterina II, di origine tedesca e che regnò dal 1762 al 1796, fu Giacomo Quarenghi, nato a Bergamo, e che aveva studiato le ville del Palladio prima di stabilirsi a San Pietroburgo nel 1780. Lì costruì il Teatro Hermitage sul modello del Teatro Olimpico di Vicenza, l'Accademia delle Scienze sull'Isola di Basilio, l'Istituto Smolny e il Palazzo inglese Peterhof.
Infine, per Alessandro I, che regnò dal 1801 al 1825, l'architetto Carlo Rossi fu incaricato di realizzare a San Pietroburgo degli edifici in stile impero misto a neoclassicismo : l'emiciclo sulla Piazza del Palazzo, il Teatro Alessandra, nome della moglie di Nicola I, e anche la via del Teatro.
Per tornare al film di Lattuada, un altro dettaglio affascinante è il modo in cui è caratterizzato il personaggio principale : un modesto impiegato, che mette le mani sotto il naso di un cavallo per riscaldarsi, che si applica a curare la sua scrittura gotica con una penna per scrivere il parola "Lavori", il salvamaniche in raso di cotone nero per proteggere la camicia dagli sfregamenti sulla scrivania. Timido e schivo, ha molta difficoltà ad imporsi : non riesce a farsi strada tra tre farabutti che discutono davanti alla porta, cosa che gli procura i rimproveri del suo superiore per il suo ritardo.
Durante la festa di Capodanno si sente fuori posto, consapevole del suo scherno, ha molta difficoltà a essere naturale e si ritrova costretto ad agire con astuzia per accendersi la sigaretta; beve, si ubriaca, per dimenticare il suo disagio e il fatto che ci sono tante cose che non vanno, di cui è consapevole ma che fa molta fatica a formulare; dimenticare, ad esempio, che è, malgrado lui, portavoce dei poveri che si sono rivolti a lui per esprimere le loro rimostranze alle autorità, il che lo costringe a cercare di attirare l'attenzione del sindaco per lui leggere la richiesta che gli hanno mandato, mentre lui stesso fa molta fatica a far valere i suoi diritti e a farsi rispettare, di fronte al sindaco che se ne frega, avendo solo una voglia, quella di divertirsi; inoltre, i suoi superiori riescono sempre a sminuirlo per mettersi in mostra e gloriarsi della loro relativa generosità : se il segretario generale non lo licenzia e gli concede un premio di produttività, è perché gli ha fornito informazioni preziose, atte a ricattare il sindaco.
Quando il piccolo impiegato Carmine De Carmine scrive il resoconto della visita del sindaco al luogo degli scavi archeologici e della successiva seduta del consiglio, mescola tutto ma non è solo colpa sua : deve affrontare ingiunzioni contraddittorie, e trascrivere parole che non sono tutte coerente, nemmeno di buon senso : lusinghe, scambi vivaci in cui non mancano minacce e insulti, manie di grandezza e calcoli meschini, come l'aumento delle tasse per finanziare progetti faraonici.
Costretto a leggere il suo resoconto frammentario e incoerente, adotta un tono magniloquente per leggere un testo stravagante : tuttavia, questa stravaganza e questa magniloquenza sono un riflesso delle parole udite, e il suo resoconto, come uno specchio appena distorcente, ritorna un’immagine molto poco lusinghiera ai loro autori, quello che li infastidisce e li fa infuriare, mentre fa ridere coloro che sono stati muti testimoni della scena.
In conclusione, direi che la bellezza onirica di un'aurora boreale, non so cosa sia, perché non conosco la cosa in sé dell'aurora boreale, né quella del sole o di una stella, ma mi dà un'impressione visiva allo stesso tempo morbida, piacevole e confortante, e muta, indecifrabile e inquietante, come se questa volta stellata, questo infinitamente grande che non ha limiti, ci rimandasse alla nostra piccolezza di esseri umani, permettendoci di mettere in prospettiva le nostre piccole preoccupazioni quotidiane : ci saranno sempre misteri che vanno oltre le nostre capacità.
Amo questa bellezza, ma amo anche la bellezza altrettanto onirica e inquietante del film di Lattuada, perché a parte il fatto che è anziano, che appartiene ai capolavori del cinema italiano del Novecento e che rivela un rapporto di influenza tra un artista italiano e un artista russo, la sua bellezza è inquietante nella misura che l'umorismo oscuro e irritante di questo studio del buon costume sottolinea il carattere versatile della natura umana, così come il suo lato oscuro.
Tuttavia, finché ci saranno artisti che se ne burleranno brillantemente, non c’è motivo di disperare degli uomini, costretti a cambiare, a ravvedersi, per cercare di adattarsi a un ambiente ostile e sopravvivere in mezzo alla follia diffusa, pur avendo a cuore la preoccupazione per l'umana dignità.
6 ottobre 2024.